vendredi 18 juillet 2025

Vol d'arbres dans les forêts françaises. Un phénomène en expansion !

 

Question écrite n° 04321 posée par M. Édouard COURTIAL (de l'Oise - UC) publiée dans le JO Sénat du 24/04/2025 

M. Édouard Courtial attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur le phénomène inquiétant que constitue le vol d'arbres dans les forêts françaises. 

Le vol de bois sur pied est devenu une préoccupation croissante sur notre territoire, et en particulier pour les 3,5 millions de propriétaires privés de forêts dans l'hexagone. En effet, au cours des dernières années, de nombreux sacs ont diminué les forêts de leur flore, laissant des propriétaires orphelins de leurs arbres du jour au lendemain. Alors que 20 chênes ont été sciés et volés à un particulier en Haute Marne en 2024, 15 hectares de parcelles forestières ont été pillées en 2017 à Charly-Oradour en Moselle. En 2022, une quinzaine d'hectares de chêne est également volée près de Thionville, ainsi que 300 à 400 arbres à Perles-et-Castelet en Ariège en 2021. 

Les revenus générés par le vol et la revente illégale de bois est telle que cette activité attire aujourd'hui de véritables réseaux de la criminalité organisée autant qu'une criminalité en col blanc, avare de profiter de l'augmentation drastique du prix du bois français ces dernières années. C'est le cas du chêne, dont le prix est passé 200 euros/m3 en 2021 à 271 euros/m3 l'année suivante selon l'association France Bois Forêt. La réputation du bois français est telle que les arbres volés ont souvent pour destination finale l'étranger. Ce fut le cas notamment des 400 chênes pillés à Septeuil en 2022 avant d'être envoyés vers la Chine. 

Ce phénomène, qui constitue un danger évident pour l'environnement, est d'autant plus alarmant qu'il n'est pas encore véritablement quantifié, et par conséquent, pas totalement compris. Si le lancement en avril 2025 d'une ligne téléphonique d'urgence par l'association forestière Fransylva permettant aux propriétaires forestiers de signaler des vols d'arbres dont ils ont été victimes va dans le bon sens, une compréhension globale du phénomène ne peut pas avoir lieu sans l'aide de l'Etat. Aussi, il lui demande comment le Gouvernement entend lutter contre le trafic d'arbres dans les forêts françaises, notamment en mettant des moyens pour développer sa connaissance sur ce fléau. 

Réponse de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur publiée dans le JO Sénat du 17/07/2025 
Le cours du bois sur pied semble à l'origine de la commission de vols de plus en plus conséquents au sein des forêts françaises, dont 75 % ont pour propriétaires des particuliers. 

La gendarmerie nationale, compétente sur 95 % du territoire, est particulièrement concernée par ce phénomène et pleinement impliquée dans la lutte contre ces trafics. Ainsi, en 2024, 489 procédures judiciaires ont été ouvertes concernant des vols de bois ou des escroqueries et autres litiges portant sur du bois, contre 469 en 2023. L'ensemble du territoire national, outre-mer compris, est impacté et peu de secteurs sont épargnés. La très grande majorité des faits de vols concerne des bois sur pied à hauteur de 95,19 % en 2023 et 97,32 % en 2024. Si l'analyse fine du phénomène de vols de bois sur pied est rendue difficile en raison d'un certain nombre de facteurs (constatation tardive des faits par les propriétaires forestiers, isolement des parcelles ciblées compliquant la détection des vols par d'autres individus, quantité de bois dérobée et préjudice financier difficiles à estimer, physionomie des traces et indices, etc.), la gendarmerie nationale adapte son système intégré à cette délinquance. A travers le commandement pour l'environnement et la santé (CESAN), la gendarmerie a déjà engagé une réflexion sur la problématique de la lutte contre la coupe illégale de bois (contrôle des transporteurs de bois, identifications des bois) et s'attache à sensibiliser les enquêteurs environnements et les unités de gestion des flux (brigades motorisées notamment). 
Ces démarches s'accompagnent d'actions concrètes sur le terrain par la mise en oeuvre de mesures préventives et un traitement judiciaire adapté à ce contentieux spécifique. Pour répondre à ces atteintes, la gendarmerie nationale s'appuie ainsi sur une occupation toujours plus importante de l'espace public afin de déceler les potentiels délinquants et de dissuader le passage à l'acte. A ce titre, la croissance de la part d'activité réalisée sur la voie publique (PVP), déjà en hausse en 2023, s'est poursuivie en 2024 avec une augmentation de près de 11,7%. La création en cours de 239 nouvelles brigades, dont un tiers de brigades mobiles, concourt également à cet effort et à la densification du maillage territorial de la gendarmerie nationale. Plus d'une vingtaine de ces nouvelles brigades devrait être particulièrement employée dans la lutte contre les atteintes à l'environnement. 
Les exploitants et propriétaires forestiers ont également la possibilité de bénéficier des services, à titre gracieux, de la gendarmerie, des correspondants sûreté (présents dans chaque brigade) et des référents sûreté (présents dans chaque département). Ces experts sont à même de prodiguer des conseils de sûreté et de réaliser des études pour sécuriser au mieux les lieux exposés aux phénomènes de délinquance. Le service central de renseignement criminel (SCRC) de la gendarmerie produit des notes d'analyse facilitant la détection de phénomènes émergents et la compréhension des principaux mécanismes de ce type de délinquance, afin de mieux orienter les unités de terrain. Elles sont destinées aux unités territoriales de la gendarmerie comme aux services de police. Cette lecture centrale est complétée par l'analyse des vulnérabilités identifiées sur chaque zone géographique, par les chefs opérationnels qui en sont responsables. 

En matière judiciaire la gendarmerie dispose, au travers de l'office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), d'une structure spécifiquement dédiée au traitement des dossiers complexes, sensibles, en lien avec la criminalité organisée ou de portée internationale. Composé d'un échelon central à Arcueil et de dix détachements à Le Plessis-Robinson, Rennes, Bordeaux, Metz, Marseille, Lyon, Valenciennes, Cayenne, Papeete, Saint-Denis (La Réunion), l'OCLAESP est également chargé de coordonner l'action des forces de sécurité intérieure dans la lutte contre les atteintes à l'environnement. Maillon essentiel, cet office peut s'appuyer sur l'ensemble des services de la gendarmerie compétents en matière de renseignement et d'enquête ainsi que sur un réseau de gendarmes spécialisés, répartis sur le territoire national, dans les unités de recherches mais aussi dans les brigades territoriales et gendarmeries spécialisées. Les enquêtes relatives au vol de bois reçoivent un traitement adapté. Les faits signalés sont pris en compte rapidement, avec l'appui prioritaire d'un enquêteur environnement. Les plaintes concernant ce type de faits bénéficient d'une prise en charge spécifique, tenant compte de leurs particularités techniques. Une analyse approfondie des manières d'opérer est réalisée afin de faciliter les rapprochements entre les affaires au niveau départemental et national. Les enquêtes sont prises en charge au niveau le plus pertinent, en s'appuyant sur la chaîne judiciaire de la gendarmerie (brigades territoriales, brigades de recherches, sections de recherches et les offices centraux). 

De plus, des actes de police technique et scientifique sont systématiquement réalisés. En 2023 et 2024, au total 225 individus ont été mis en cause pour des faits de vols de bois. En outre, d'importantes investigations sont en cours et certaines affaires ont déjà abouti. A titre d'exemple, le 6 mars 2024, une famille pratiquant la coupe illicite d'arbres et des vols de bois a été placée en garde à vue par les gendarmes de Septeuil, dans les Yvelines. Le préjudice était évalué à 160 000 euros. Les faits avaient été signalés fin 2022 par des associations de protection de l'environnement, lesquelles avaient constaté des coupes illicites d'arbres (en l'espèce, des gros chênes valorisables sur le marché mondial), réalisées par une société d'exploitation forestière. Ces derniers étaient exportés en masse depuis janvier 2021, notamment vers la Chine. Le principal prévenu a fait l'objet d'une décision de condamnation par le tribunal judiciaire de Versailles en juin 2024. L'OCLAESP a également noué des liens privilégiés avec l'office national des forêts (ONF) au travers d'une convention signée en 2020. Celle-ci, en cours de réactualisation, prévoit des échanges de renseignements opérationnels dans le domaine des atteintes à la forêt, notamment en matière de coupe illicite de bois ou de suspicion de trafic. Les enquêteurs de l'OCLAESP, et plus généralement les enquêteurs spécialisés de la gendarmerie, ainsi que les agents de l'ONF peuvent s'appuyer mutuellement dans les enquêtes. Localement, ils mènent également des opérations de contrôles coordonnés. 

Aussi, dans le cadre du chantier prioritaire du gouvernement « Renforcer la lutte contre les atteintes à l'environnement », le CESAN qui en assure la direction, a mis en place en 2025 une formation aux fondamentaux de la police judiciaire au profit des agents des administrations disposant de pouvoirs judiciaires en la matière. Pour l'heure, un premier agent de l'ONF a déjà pu bénéficier, au mois de mai 2025, de cette formation, qui sera reconduite les prochaines années.

jeudi 29 mai 2025

Politique d’aménagement des ruralités : plus sous l’angle dominant de l’urbain !

 

Les campagnes françaises ne devraient pas être traitées de la même façon que les villes dans les politiques d’aménagement, selon un rapport du Conseil scientifique de France ruralités (CSFR), qui conseille de prendre davantage en compte leur diversité, leurs atouts et leurs propres dynamiques. 

Le Conseil scientifique de France ruralités (CSFR) [1] affirme dans son rapport [2] que les campagnes françaises ne devraient plus être traitées sous le « prisme dominant de l’urbain » dans les politiques d’aménagement. 

 « Les campagnes françaises ont d'abord été réduites à leur fonction agricole avant que ne s'impose, sous l'effet de l'urbanisation et de la métropolisation, une lecture où l'urbain est devenu le prisme dominant des politiques d'aménagement », déplorent les auteurs du rapport. 

Aujourd’hui, les territoires ruraux représentent 88 % du territoire français et 33 % de la population. Ils sont de plus en plus visibles, notamment depuis la crise des gilets jaunes et les revendications des agriculteurs. Ce sont aussi des espaces convoités par les citadins en quête d’espace et de calme. 

D’après les auteurs, les campagnes devraient être pensées dans leur diversité plutôt que de les percevoir comme des « espaces en manque d’emplois, de services ou de mobilités » et « en situation de dépendance vis-à-vis de l’urbain ». Au contraire, il s’agirait de les penser avec « leurs atours et dynamiques propres ». 

L’adoption d’un découpage territorial en « aires urbaines » puis en « aires d’attraction des villes » aurait contribué à « minorer la place des ruralités dans les priorités d’aménagement », les reléguant « au second plan des politiques territoriales ». 

Dans ce contexte, les membres du Conseil scientifique de France ruralités (CSFR) appellent à repenser les politiques publiques d’aménagement de façon à ce qu’elles ne soient plus uniquement conçues en fonction des critères des logiques urbaines.


[1] Créé en août 2023 et composé de 19 chercheurs.

[2] CSFR. EPAU GIP L'Europe des Projets Architecturaux et Urbains. Des campagnes aux ruralités. Changer de regard sur les ruralités, pour des politiques publiques adaptées à leurs réalités et soucieuses de leur diversité. Avril 2025, 104 p.


lundi 26 mai 2025

Municipales : Listes paritaires dans les communes de - 1000 habitants

 

Listes paritaires dans les communes de - 1000 habitants 

Comment comprendre la position favorable de l’association des maires ruraux (AMRF) à cette loi alors que le vieillissement des populations vont limiter le choix et par conséquent le nombre de listes ? 

Si cette loi peut flatter les féministes, elle aura pour conséquence d’accélérer le regroupement des communes qui n’arriveront pas à élire un conseil municipal. 

Les inimitiés et le rejet de nouveaux habitants (sauf les étrangers semble-t-il) sont une realité. Les électeurs vont continuer à rayer des noms même si c’est interdit et toute la liste, même si celle-ci est réputée complète si elle compte jusqu'à deux candidats de moins que l'effectif prévu, deviendra alors caduque. 
 


LOI n° 2025-444 du 21 mai 2025 visant à harmoniser le mode de scrutin aux élections municipales afin de garantir la vitalité démocratique, la cohésion municipale et la parité https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000051643176

vendredi 2 mai 2025

Organisez « Une rue aux enfants » dans votre commune

Organisez « Une rue aux enfants » dans votre commune !

Permettre aux enfants, l’espace d’une journée, de jouer librement et en toute sécurité dans une rue ou une place normalement ouverte à la circulation. C’est ce que propose le 4e appel national « Rues aux enfants rues pour tous ». 

Pour mettre en place cette initiative dans votre commune, envoyez les éléments avant le 15 juin ou le 15 décembre 2025.
  
Pour candidater : https://www.ruesauxenfants.com


mercredi 30 avril 2025

Les Vosges ont de l’avenir selon la Région Grand Est

80 % des mesures déjà engagées et 800 millions d’euros prévus pour les mettre en œuvre, le Pacte pour les Ruralités "confirme l’engagement de la Région Grand Est en faveur de ruralités dynamiques, accueillantes et en pleine santé". L’avenir du Grand Est s’écrit avec les territoires ruraux Avec ses 4 553 communes rurales, la Région Grand Est veut faire de la ruralité un pilier fort de son action au profit de tous ses concitoyens. Construit sur quatre piliers (l’amélioration du cadre de vie, la mobilité, la préservation de l’environnement, l’agriculture de proximité et l’attractivité des territoires ruraux), il envisage de déployer des mesures concrètes au service des territoires ruraux, et notamment : le soutien au commerce de proximité, l’aide à l’investissement pour des équipements du quotidien, la transition énergétique ou la préservation du patrimoine bâti. Candidats maires, prenons le Grand Est au mot ! https://www.grandest.fr/actualites/pacte-pour-les-ruralites-un-an-apres/

lundi 17 mars 2025

Patrimoine historique : les périmètres délimités

Une proposition de loi visant à renouveler les conditions du dialogue entre les architectes des bâtiments de France (ABF), les élus locaux et l'ensemble des citoyens,  tire les conséquences, sur le plan législatif, des constats dressés par la mission d'information sur le périmètre d'intervention et les compétences des ABF en 2024.

Elle encourage la généralisation des périmètres délimités des abords (PDA) pour adapter le périmètre protégé à l'intensité patrimoniale constatée dans chaque collectivité. Ainsi, il serait mis un terme à l'existence de zones de protection automatiques autour des monuments historiques, dont le périmètre est par défaut défini dans un rayon de 500 mètres autour du monument.  

Par ailleurs, elle prévoit une publicité des avis rendus par les ABF en instaurant la publication systématique des décisions rendues par les ABF dans un registre national mis gratuitement à la disposition du public au format numérique. 

En cas de litiges (avis défavorable de l'ABF ou d'avis favorable assorti de prescriptions coûteuses ou techniquement difficiles à mettre en œuvre), la proposition de loi créée une commission départementale assurant un examen collégial de ces dossiers chargée de favoriser le règlement des dossiers litigieux en amont de l'engagement d'une procédure de recours. 

Pour préserver le droit des administrés de participation aux décisions de l'administration, l'enquête publique est conservée dans les cas où le périmètre délimité des abords (PDA) est étendu au-delà de 500 mètres. 

La proposition de loi sera examinée jeudi 19 mars en séance publique (LCP, canal 13 TNT).

vendredi 14 février 2025

Distributeurs de billets en ruralité : du nouveau ?

Les banques BNP Paribas, Crédit mutuel, le CIC et la Société générale se sont alliées pour mettre en œuvre un réseau de DAB  appelé Cash services. 

Ces automates permettent de déposer des billets ou des chèques, de consulter son solde ou de réaliser des virements. Rappelons que la quasi-totalité des communes de moins de 1 000 habitants n’en est plus équipée.

Ce conglomérat vient d’annoncer qu’à compter du deuxième trimestre de cette année, il allait lancer une offre « collectivités locales », permettant « d’apporter une réponse au meilleur coût aux communes françaises souhaitant implanter un automate ». 
Cash services proposera en effet aux communes, même si elles n’ont pas d’implantation de l’une ou l’autre des quatre banques sur leur territoire, d’installer un automate. « Un levier, écrivent ces banques, pour renforcer l’inclusion financière sur tout le territoire. » Le prix de ce service pour la commune, ni les conditions n’ont pas été exposés.